Le GN romanesque est la forme la plus pure de théâtre telle que recherchée par Constantin Stanislavski (voir mes notes de lecture sur la Formation de l’Acteur). Voici pourquoi.
1. L’acteur doit rechercher et inventer les circonstances imaginaires de son personnage pour rentrer dans sa psychologie. Dans le jeu de rôle grandeur nature, la fiche de personnage, écrite par l’auteur, narre de manière immersive le passé du personnage et les événements qui ont affecté sa psychologie. Si le rôle est bien écrit, on s’identifie au personnage, humain, et à ses relations avec les autres personnages. Avant le jeu, les ateliers permettent de préciser les relations entre personnages, en définissant et/ou jouant des scènes de souvenirs communs.
2. Les objectifs du personnage sont clairement définis dans la fiche de personnage.
3. Il n’y a pas de texte. Le support de jeu, ce sont les autres, les événements qui m’entourent et la psychologie du personnage qui guident mes actions et mes mots. On n’est pas « dans sa tête » à chercher un texte ou ne partition mécanique, mais concentré sur les partenaires et la situation.
4. Il n’y a pas de public, seulement d’autres interprètes. Et donc, pas d’enjeu à briller, pas de part de l’interprète qui se demande « à quoi je ressemble de l’extérieur » ?
5. Les costumes différencient clairement le personnage du joueur, et facilite le lâcher-prise en levant l’auto-jugement (à la manière du clown ou du trance mask).
6. L’immersion à 360° dans le décor. On joue réellement dans un salon, dans un château ou dans un bunker…
Bien sûr, le style de jeu de rôle grandeur nature que je décris est bien particulier, et nombre sont ceux qui ne respectent pas l’un ou l’autre de ces critères.