2020-2021 : une année de formation auprès du comédien et metteur en scène Christian Geffroy Schlittler. Ce compte-rendu est mon interprétation personnelle de son enseignement.
Jouer une scène, ce n’est pas juste dire le texte avec le ton, l’émotion et les mouvements qui font sens. Cette approche purement technique est répandue dans le théâtre, mais est transparente et plate.
Christian incite à trouver des principes/moteurs de jeu qui, appliqués au personnage ou à la pièce, nourrissent le jeu de comédien. Ces principes ne sont pas évidents et universels à la lecture, mais viennent de l’inventivité du comédien. Sa création/son ajout est souvent marque de sa personnalité, de son originalité. Elle doit l’amuser ou lui faire vivre une expérience intense ou plaisante. Conséquence : non seulement le comédien a un jeu plus riche, créatif et investi, mais l’application d’un principe de jeu peut donner un second niveau de lecture à la scène et/ou de la profondeur au personnage.
Système A : On ajoute une tension au(x) personnages. Cette tension peut être interne au personnage, comme un désir inassouvisable (eg. j’aimerais dormir mais je ne peux pas, ou j’aimerais me détendre, je trouve du plaisir à emmerder le public…). Ce moteur donne du jeu. S’il est suffisament puissant, la tension – qui accroche le public – ne s’amenuise pas au cours de la scène. Ce moteur se formule par une phrase simple (mais qui porte en réalité le poids de toute la discussion/démarche de recherche de moteur préalable), qui sera la clef du comédien pour réaccéder à ce moteur.
On retrouve ces moteurs-tensions dans les verbes d’action psychologiques (Jonathan Diggelman, Coralie Vollichard) ; ou encore dans les exercices de double niveau d’amour/intéret pour l’autre (Le montré et le réel, sur une échelle de 1 à 10 – A. Borek).
Ils gardent l’intérêt du public. On se dit « on pourrait regarder ça pendant des heures ». C’est étrange, c’est génant, c’est… captivant. C’est captivant quand ça frotte.
Système B : D’autre manière, le décalage peut être apporté par un « principe scénique ». Par exemple, Hamlet se déroule lors d’un bal, ou lors d’un repas de famille séparant table des enfants et des adultes.